Vivre en 14-18 : chronique du village et de son maire
Il y a un peu plus d’un siècle une guerre embrasa le monde entier. Un des épicentres se situait dans le nord et l’est de la France. Le dimanche 2 août 1914 la mobilisation générale fut proclamée.
Dans les villages du sud Touraine c’est bien sûr l’agriculture qui domine. Une agriculture qui combine la production de céréales, les cultures fruitières, l’élevage. Des milliers d’hommes vont rejoindre leurs casernes. A Tours il y en aura 7000 ! Mais aussi au Blanc, à Châteauroux qui font partis de la 9eme Région Militaire. Ils vont souvent servir dans les régiments d’infanterie, abandonnant leurs fermes, leurs commerces leurs femmes et leurs enfants.
En souvenir de cette période terrible que la commémoration du 11 novembre 2018 va évoquer. Nous allons essayer de donner des nouvelles du village et comment, à l’arrière, nos aïeux ont pu vivre cette période.
Le maire de Mouzay s’appelait Paul Bernier. Il écrivait régulièrement dans le journal « le Lochois » qui paraissait chaque vendredi et il le fit pendant toute la guerre. Il s’est spécialisé dans tout ce qui touchait à l’agriculture, très critique sur les solutions retenues par l’administration militaire, à moins que la censure ne sévisse. Il ne faut pas oublier que nous sommes en Etat d’urgence .
Nous allons vous faire découvrir ses éditoriaux au fur et à mesure des semaines qui nous séparent du 11 novembre. Le premier signé pendant cette période date du 5 février 1915 où le sujet porte sur les allocations attribuées aux familles des soldats de manière bien aléatoires…
Le second article porte sur la venue de prisonniers allemands pour aider à la moisson. Il a été publié le 25 juin 1915. Il s’intitule « les devoirs des communes rurales ». Il faut un maximum de récolte pour répondre aux besoins d’un pays en guerre. Pour « fournir au pays le pain nécessaire à sa vie », il faut accepter la présence de prisonniers allemands qui aideront aux récoltes.
Le 15 juillet 1915 une convention est passée entre le maire de Mouzay et le général de la 9eme région militaire. elle précise les conditions pour assurer la présence de 20 prisonniers et de 6 soldats et d’un caporal pour la surveillance.
On est en juillet 1015 les battages se préparent… et les inquiétudes aussi sur la disponibilité des machines et des hommes ! Paul Bernier s’alarme.
Seconde alarme, dans le Lochois du 29 octobre 1915 Paul Bernier écrit un article « du bois pour cet hiver ! ». Va t’on pouvoir se chauffer ? Il n’y a pas assez de bras? Le prix de la corde (mesure de la stère) augmente… alors qu’il y a du bois disponible dans les forêts nationales ! Mais que fait l’administration ?…
Une nouvelle campagne de moissons se prépare, nous sommes le 16 juin 1916, Paul Bernier lance un appel solennel pour que soit mieux organisé les récoltes, la répartition de la main d’oeuvre « afin de pouvoir arracher à la terre tout ce qu’elle pourra donner ». Le comité agricole se réunira à Mouzay tous les dimanches à 15 heures à la mairie afin de préparer le travail de la semaine. Il recommande à nouveau qu’il n’y ait aucune bienveillance avec les prisonniers allemands.
L’éditorial du 15 décembre 1916 déplaît fortement aux autorités militaires et ils décident de censurer des passages entiers. Les critiques portées par Paul Bernier sur l’organisation des travaux agricoles avec l’octroi de main d’oeuvre (les prisonniers, mais aussi la libération des premières classes mobilisées pour la guerres, mais aussi les permissions dites agricoles pour permettre aux agriculteurs de venir cultiver leurs terre ) sont autant de critiques du pouvoir qui deviennent insupportables à leurs yeux.
Une bande dessinée décrit la vie dans le village pendant ces années de guerre.
Un nouvel épisode a été ajouté, il s’agit des réquisitions. Elles commencent dès septembre 1914 et c’est l’intendant militaire de la 9eme Région qui est à la manœuvre. Dès 1913 il avait été décidé que les paysans du canton devaient apporter par sacs numérotés et fermés les denrées nécessaires pour nourrir l’armée. Le centre de réquisition est à la gare de La Haye Descartes soit 24 kilomètres à parcourir avec un charroi, ou avec des bêtes sur pied. Une journée entière est nécessaire. En juin 1915 les maires de Saint Senoch, Varennes, Mouzay et Vou décident d’écrire une pétition au Préfet pour demander à aller à Loches qui est à moins de 10 kilomètres. Ils obtinrent gain de cause le 7 juillet.
C’est cet épisode qui est expliqué dans ces planches originales à voir au local associatif du 3 pb.
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